Des deux-roues motorisés bien plus polluants que les voitures à essence
Le retard pris par les 2RM
La pollution des véhicules thermiques neufs est régie par les normes Euro qui s’imposent aux constructeurs. Or les 2RM ont beaucoup de retard par rapport aux voitures : 6 ans d’écart pour la norme Euro 1 (1999 / 1993), 12 ans pour la norme Euro 4 (2017 / 2005). Les voitures en sont déjà à la norme Euro 6 depuis 2015.
Des émissions de gaz à effet de serre trop élevées
En milieu urbain, selon les normes actuelles, la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre des 2RM neufs par kilomètre parcouru sont environ deux fois moindres que celles des voitures. Mais ce résultat devrait être bien meilleur, car les 2RM sont 5 à 10 fois moins lourds que les voitures. Cette piètre performance est due au rapport puissance / poids très élevé des 2RM permettant de fortes accélérations. Une surpuissance qui plait beaucoup aux amateurs de gros cubes (mâles à 95 %…), mais qui se fait au détriment du climat.
Une pollution considérable
En 2017, une étude financée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a démontré en laboratoire que les 2RM sont beaucoup plus polluants que les voitures à essence. Selon les cylindrées étudiées (50 et 125 cm3), ils émettent 2 à 15 fois plus d’oxydes d’azote (NOX), 3 à 20 fois plus de monoxyde de carbone (CO) et 15 à 1 000 fois plus d’hydrocarbures (HC)1. Comme les voitures, ils sont bien plus polluants à moteur froid. Et comme les voitures à essence, ils produisent moins de particules que les voitures diesel.
En juin-juillet 2018, le Conseil international pour un transport propre (ICCT), l’ONG à l’origine de la révélation du « dieselgate », a réalisé dans Paris des mesures de certains polluants, directement à la sortie des pots d’échappement de milliers de véhicules, grâce à des portiques munis de lasers. Les résultats confirment ceux de l’étude Ademe : les motos et scooters émettent jusqu’à 6 fois plus de NOX et 11 fois plus de CO que les voitures essence les plus récentes2.
Un 2RM prenant deux fois moins d’espace de circulation qu’une voiture, la forte présence de 2RM dans les rues fortement congestionnées aggrave encore la pollution.
L’impact sanitaire de la pollution (rappel)
Les NOX engendrent des problèmes respiratoires, surtout chez les asthmatiques, les enfants et les personnes âgées. Le CO se fixe dans le sang et provoque une lente intoxication et des migraines chroniques. Certains HC comme le benzène sont cancérigènes.
Vers la fin des moteurs deux temps très polluants
Seule bonne nouvelle, la norme Euro 4 est entrée en vigueur en 2017 pour les motos et en 2018 pour les cyclomoteurs. Grâce à elle, les moteurs deux temps très polluants sont en voie de disparition, l’injection directe et le catalyseur trois voies se généralisent. Des améliorations bienvenues, qui augmentent en outre le prix des 2RM, ce qui dissuade leur usage.
Conclusion : agir et vite
Les 2RM sont une importante source de pollution. Dans Paris intra muros, le trafic des 2RM représentant 16 % de la circulation (source Mairie de Paris), il pollue donc à lui seul à peu près autant que le trafic automobile (pour les NOX, le CO et les HC). Pour la santé des populations, il est temps de limiter fortement l’usage des 2RM ou de rendre obligatoire le passage à l’électrique, comme dans de nombreuses villes chinoises.
- Didier Pillot, Émissions de polluants de 2-roues motorisés, 4e séminaire COSMOS, 22 mars 2018, présentation PowerPoint, 24 diapos.
- ICCT, Emissions polluantes provenant de cyclomoteurs, motocycles et autres véhicules de catégorie L à Paris, fiche d’information du TRUE (the real urban emissions initiative), 2019, 2 p.