Pourquoi les deux-roues motorisés ont l’air bien plus nombreux que les cyclistes à Paris, alors que c’est faux ?

Pourquoi les deux-roues motorisés ont l’air bien plus nombreux que les cyclistes à Paris, alors que c’est faux ?

Un quidam qui découvre Paris peut constater aisément que les 2RM y sont omniprésents et les cyclistes bien moins nombreux. Pourtant, dans Paris intra muros, le nombre de déplacements à vélo a dépassé celui des déplacements en 2RM depuis déjà huit ans.

Selon la dernière « enquête globale transport » disponible, réalisée en Île-de-France et datant de 2010, les déplacements en 2RM et à vélo intéressant Paris (c’est-à-dire Paris-Paris, Paris-Petite couronne et Paris-Grande couronne) étaient quasiment aussi nombreux : respectivement 278 000 et 282 000 par jour. Or, selon les comptages de la mairie de Paris (détaillés dans le Bilan annuel des déplacements à Paris), les déplacements à vélo ont augmenté de 37 % entre 2010 et 2017 (derniers comptages connus) et les déplacements en 2RM ont stagné pendant la même période (+ 1 %).

Comment expliquer cette distorsion entre la réalité perçue et ces résultats statistiques solides ? Quatre raisons peuvent être invoquées.

1/ Les 2RM stationnent sur la voirie, beaucoup moins les cyclistes

Dans la plupart des copropriétés parisiennes, il est interdit aux 2RM de stationner dans la cour ou dans des abris, pour limiter à la fois le risque d’incendie et les nuisances liées au bruit et à la pollution. En revanche, le stationnement des 2RM dans la rue est gratuit et même toléré par la ville et la police sur les trottoirs, en contradiction avec l’article R417-10 du code de la route qui précise : « Est considéré comme gênant la circulation publique l’arrêt ou le stationnement d’un véhicule : 1° Sur les trottoirs lorsqu’il s’agit d’une motocyclette, d’un tricycle à moteur ou d’un cyclomoteur… »

Les cyclistes, quant à eux évitent de stationner leur bicyclette dans la rue, car le vol y est fréquent. Ils obtiennent parfois un local vélo dans leur immeuble ou au moins une tolérance pour stationner dans la cour, voire dans le hall. À défaut, certains sont obligés de monter leur vélo dans leur appartement ou de le descendre à la cave.

2/ Les 2RM font des trajets deux fois plus longs que les cyclistes

Selon l’enquête globale transport de 2010, un déplacement en 2RM dans Paris intra muros a une portée moyenne (c’est-à-dire une distance à vol d’oiseau) de 4 km, alors qu’un déplacement à vélo a une portée moyenne de 2 km. Pour un même nombre de déplacements en 2RM et à vélo, notre quidam voit donc passer devant lui deux fois plus de 2RM que de vélos.

3/ Les 2RM se font beaucoup plus remarquer que les cyclistes

Leur gabarit est d’abord bien plus imposant. Selon plusieurs sources, un 2RM prend en moyenne 2,5 m² en stationnement, alors qu’un vélo n’occupe qu’1 m² , tout au plus.

Et surtout, les 2RM sont très bruyants. À Paris, ils dominent le fond sonore urbain. Impossible de les ignorer. Un gros cube peut ainsi faire hurler son moteur impunément – les contraventions sont rarissimes –, tandis qu’au même moment, un flot de cyclistes peut passer silencieusement.

4/ Les 2RM prennent surtout les grands axes, les cyclistes plutôt les petites rues

Les motards préfèrent de loin les grands axes où ils peuvent utiliser leur vitesse et dépasser facilement les voitures. C’est moins vrai pour les cyclomotoristes, notamment les livreurs, qui peuvent se faufiler plus facilement partout.

Les cyclistes, quant à eux, préfèrent les rues tranquilles, moins bruyantes et moins polluées et profitent des double-sens cyclables, interdits aux 2RM, pour utiliser des itinéraires parallèles aux grands axes. Mais cette situation est en train d’évoluer avec l’aménagement progressif de pistes cyclables sur les grands axes.